Ah oui, mon nom est Ian. Je suis en terminale et comme beaucoup d’autres étudiants, j’ai un petit boulot. On m’a embauché à la pizzeria à côté du lycée. Je n’ai pas le droit de cuisiner bien sûr, mais j’aide à décharger des produits, à prendre les commandes au téléphone ou à livrer les pizzas.
Notre pizzeria a beaucoup de clients fidèles mais un d’eux était spécial. Je l’ai rencontré très rapidement après avoir commencé mon travail – il commandait la même pizza tous les jours. Les autres employés l’avaient même surnommé « Triple Pepperoni » à cause de ça.
C’était un client étrange. Les filles qui prenaient les commandes au téléphone m’ont raconté qu’elles avaient peur quand il appelait. Les livreurs me disaient qu’ils ne l’avaient jamais vu – quand ils arrivaient avec la pizza, la porte de l’immeuble était toujours ouverte. L’argent était sur la table du hall et ils y laissaient la pizza. Le plus ancien des employés disait en chuchotant que Triple Pepperoni était un ancien catcheur à succès, mais qu’une histoire sombre l’avait mené à arrêter sa carrière et à se cacher. Peut-être était-il tombé sur la mafia et s’était fait tirer dessus à tel point qu’il était maintenant défiguré, on ne savait pas...
Je ne croyais pas vraiment en ces rumeurs jusqu’à ce jour où en prenant une commande, j’ai entendu la voix de Triple Pepperoni. Sa voix était très grave et éraillée. C’était comme si je parlais à un ours géant qui parlait avec difficulté de manière lugubre. Je n’ai pas facilement peur habituellement mais honnêtement, je ne me sentais pas à l’aise.
Mais quand ça a été mon tour de livrer sa triple pepperoni à Triple Pepperoni, j’étais calme – après tout, tous les livreurs étaient toujours ressortis entiers de son antre.
En fait, ce client mystère ne vivait pas loin de chez moi. J’ai monté les marches quatre à quatre et j’ai ouvert la porte de l’appartement, en essayant de ne pas penser à la voix terrifiante du propriétaire. La porte était bien ouverte et l’argent était là – sur la table, dans un hall à la lumière tamisée. J’ai attrapé l’argent, crié de manière joyeuse « Une triple pepperoni, comme demandé ! » et j’ai fait demi-tour… mais quelque chose me retenait ! Je n’ai pas fermé la porte de l’appartement complètement et je suis resté là, caché dans le couloir sombre, muet comme une carpe.
Pendant longtemps, rien ne s’est passé et j’allais partir quand QUELQUE CHOSE est apparu des profondeurs de l’appartement ! Cela bougeait lentement et de manière étrange, et soudain… un fauteuil roulant est apparu avec dessus un homme grand, barbu et tatoué. Je ne m’y attendais tellement pas que j’ai sûrement fait un peu de bruit, je ne sais plus trop. Ou alors c’était juste à cause de la porte entrouverte, mais Triple Pepperoni a tourné la tête et j’avais l’impression qu’il me regardait droit dans les yeux. J’ai vu que ses mains tremblaient et que son visage était entier mais déformé… et j’ai couru dans les escaliers.
Bien sûr, je n’ai jamais raconté cela à personne à la pizzeria. D’abord, car j’avais trop honte de mon comportement d’enfant. Le lendemain, il n’y avait pas de commande de Triple Pepperoni. Toute la pizzeria se demandait ce qui avait bien pu se passer, et ils ont fini par se dire qu’il en avait eu marre de la pizza. Je n’ai rien dit mais j’étais sûr que c’était lié au fait que j’avais cassé l’accord et que j’avais espionné Triple Pepperoni.
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